samedi 11 janvier 2014

Festival international du film d'animation d'Alger - "La formation à court terme en Afrique reste décisive"

Mohamed Ghezala d'Egypte et Nabaloum Boureima du Burkina Faso ont évoqué chacun leur expérience dans le domaine et comment faire pour avancer en dépassant les obstacles...
Des intervenants à la hauteur

«Cinéma d'animation africain et arabe: états des lieux, constats et perspectives, telle est la thématique du forum intitulé jeudi dans le cadre de la première édition du Festival du film d'animation organisé à Riadh El Feth. Pour parler de la situation de ce 8e art dans le Monde arabe, un spécialiste de la question qui sillonne le monde pour prodiguer son savoir-faire dans le domaine, il s'agit de l'Egyptien Mohamed Ghezala qui s'essayera en préambule à une approche historique au film d'animation partant de son pays, notamment à nos jours.
Soulignant tout d'abord le retard accumulé en Egypte mais aussi dans le Monde arabe, en raison de manque de moyens, Mohamed Ghezala fera remarquer que l'Egypte sera le premier pays à se lancer dans le cinéma d'animation bien qu'il soit de propagande contre le système nazi allemand dans un pays qui est tout aussi contre l'occupant anglais. Un film naîtra donc en 1937 suivi après, en 1939, par Walt Disney. Il a fallu attendre l'indépendance d'une quarantaine de pays africains pour que le film d'animation commence à émerger. Des tentatives individuelles notamment de Aram en Algérie verront le jour. Mais beaucoup de spécialises iront émigrer vers les pays européens et les USA.
«Jusqu'à 1960, il était interdit à l'Africain d'utiliser une caméra. Un champ de plomb était mis sur la liberté d'expression. Le réveil a débuté réellement après les indépendances marqué par les problèmes de financements, car telle est la réalité de la création dans les pays africains». Ainsi, quelques réalisateurs vont émerger tels Mustapha Hassan au Niger et Slim en Algérie par exemple. Mustapha Hassan recevra une bourse et ira se former en europe. De retour dans son pays, il tentera tant bien que mal de faire profiter son savoir tout en se trouvant en butte aux conditions socioéconomiques de son pays, le cinéma étant le parent pauvre de l'Afrique. En matière d'enseignement du film d'animation, il existe juste trois espaces pédagogiques ou académie, a rappelé Mohamed Ghezala, à savoir un en Tunisie, en Egypte et en Afrique du Sud, seuls à pouvoir prodiguer un enseignement approprié dans ce sens, à tel point qu'un débouché ne trouve pas de travail dans cette discipline une fois diplômé et tend à changer de métier. Mais la formation même dans le cadre d'ateliers ou workshop y compris à court terme peut s'avérer très positive, fera remarquer notre orateur. Avis partagé par Nabaloum Boureima, spécialiste en art plastique et BD au Burkina Faso. Ce dernier plus pessimiste que son prédécesseur brossera un tableau assez mitigé pour ne pas dire sombre de la situation du film d'animation quasiment inexistant, voire absent de la sphère culturelle au Burkina Faso. Sa présence ici en Algérie est une chance pour lui, a-t-il souligné car il s'est retrouvé à travailler dans la boîte algérienne que gère l'équipe de Djilali Beskri, Dynamic Art Vision qui s'occupe à monter depuis quelques années un projet colossal et ambitieux consistant à réaliser 54 épisodes d'une série d'un film d'animation africain sous forme de contes appelé Papa Nzunu conte l'afrique. Se considérant comme un débutant dans le métier, Boureima est en cours de réalisation pourtant sur un petit film de 13 mn entre le Burkina et l'Algérie qui pourra fédérer nos énergies communes dans l'espoir de faire naître un jour, pourquoi ce «marché africain» comme le fera entendre Djilalli Biskri dans la salle. Le but consistera ainsi à multiplier ce genre d'expériences et ce, afin de rayonner notre culture d'abord, avant de copier sur les autres ou d'importer des films éducatifs faits par des Européens que l'on montrera à nos enfants au risque d'inculquer une autre identité au lieu de promouvoir notre culture et patrimoine. «Au Burkina, des jeunes se sont formés durant trois mois, puis sont partis au Danemark pendant six mois, de retour, ils n'y a rien ni projet ni suivi. Le problème est là. C'est le cadet des soucis de nos gouvernants. Il faut qu'il y ait une continuité, proposer aux jeunes des formations afin de les former et de les professionnaliser après dans le domaine. Mais si tu travailles sur les idées des autres c'est vraiment dommage.
Pendant deux mois à Dynamic Art Vision, j'ai côtoyé des professionnels et c'est exceptionnel. De retour au pays, j'ai lancé une association et j'ai entamé le projet de film d'animation de 13 mn sur l'épopée du roi Afrique», a confié Boureima..Evoquant le rôle de la formation a fortiori de son coût très cher quand il est à long terme, Djilali Beskri dira qu'en Afrique, il faut composer avec les moyens qu'on a, tout en continuant à se battre. «Hélas, les gouvernants ont d'autres priorités et ne veulent pas investir dans quelque chose qu'ils ne connaissent pas. On a fait des pieds et des mains pour sensibiliser ces gens, notamment relevant du secteur de la technologie. Il faut leur expliquer que le film d'animation n'est pas destiné seulement au divertissement de l'enfant, mais va dans tous les secteurs, notamment la téléphonie, la télé intelligente ou encore les transmédias.
C'est un outil de développement économique important qui peut servir notre nation. C'est ce qu'on essaie de faire comprendre à nos décideurs. Si chaque pays africain se battait dans son propre pays, on pourrait imposer notre culture en Afrique...» a-t-il souligné avec insistance.

Source de l'article l'Expression

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